DOM JUAN
de Molière
Mise en scène : Guy Freixe
Création : 2005




© Théâtre du Frêne
Masques des apparences, des rôles sociaux qui collent à la peau : le personnage de Dom Juan joue dangereusement avec l’identité comme avec les paroles qui engagent. Il passe d’un masque à l’autre, jusqu’à l’ivresse du vertige, pour incarner successivement le jouisseur éhonté, l’amoureux transi, le mécréant, l’hypocrite qui vient fustiger la société, le révolté et le damné... Le dernier masque qu’il retire ouvre sur le vide : c’est la mort elle-même qui entraîne Dom Juan.
Molière écrit Dom Juan pour se défendre contre toute une série de crimes ignobles dont on l’accuse. Avec la grâce de l’escrimeur, il livre bataille : le combat n’en est pas moins vital. Sa satire de la cagoterie est aujourd’hui celle du fanatisme religieux, sa critique des gens de cour, celle des puissants.
N’est-il pas à notre image ce Dom Juan qui clame la liberté, se veut libre en amour comme en pensée, proteste contre l’hypocrisie, les peurs qui paralysent, les dogmatismes et les intégrismes ? Figure mythique de l’homme moderne, Dom Juan reste profondément ambiguë : adepte du présent et du plaisir vite consommé, il est le conquérant qui brûle tout sur son passage. Désir et pouvoir, désir de pouvoir… Désir qui creuse le manque, et qui le pousse dangereusement dans une fuite en avant. Dom Juan est sur un fil, le nôtre, celui d’un monde sans foi. Son athéisme interroge notre présent. Quelle morale pour nos actes ? Quelle responsabilité ? Sganarelle, son double, indique bien qu’il y a « quelque chose d’admirable dans l’homme ». Mais il tombe à terre et « son raisonnement a le nez cassé ». L’homme d’aujourd’hui avance ainsi, incertain, entre le matérialisme révolté de Dom Juan et l’espérance de Sganarelle. Molière donne ainsi à penser, en jouant de tous les feux du théâtre.
Guy Freixe
Avec :
Ovnatan Avedikian, Dom Juan
Jean-Yves Duparc, Sganarelle
Maryse Poulhe, Elvire
Renato Giuliani, Gusman, Francisque
Stephen Szekely, Dom Alonse
Alain Carnat, Pierrot
Valérie Haltebourg, Charlotte
Gatienne Engélibert, Mathurine
Gwenhaël de Gouvello, Dom Carlos
François Joxe, Dom Louis
Musiciens :
Adrien Chevalier, violon
Jean-Philippe Feiss, violoncelle
Thierry Fournel, guitare et oud
Théo Girard, contrebasse
Nicolas Naudet, clarinette
Collaborateur artistique : Renato Giuliani
Décor : Laurence Bruley
Musique : Bruno Girard
Créateur lumières : Pierre Peyronnet
Costumes : Jette Kraghede
Chorégraphie : Cécile Bon
Maquillage : Cécile Kretschmar
Régie générale : Patricia Deschaumes